On the Rocks – Kim Kyoungtae

On the Rocks – Kim Kyoungtae

A la manière dont certains photographient des portraits – des paysages, Kim Kyoungtae photographie des pierres qu’il trouve et collectionne au grès de ses voyages. Publié par la librairie « Your mind », le recueil On the Rocks rassemble une selection de ses clichés réalisés entre 2005 et 2008.

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Evoquant formellement l’esprit de classification encyclopédique du 18e siècle, les pierres sont photographiées individuellement sur fond blanc et en gros plan de façon à rendre visible avec précision le moindre grain, le moindre détail qui les parsème. Pour obtenir une netteté homogène sur l’ensemble de l’image, chaque photographie est composée d’une multitude de clichés (jusqu’à 70 pour certaines) pris avec des mises au point différentes. La démarche est d’autant plus complexe que les pierres sont en réalités petites.

Le procédé esthétique – quasi documentaire – utilisé par Kim Kyoungtae, vise à supprimer de la photo toute source de distraction comme les jeux de lumières, les effets d’atmosphère, l’environnement géographique pour se concentrer sur l’objet même, sa texture, son grain, sa beauté brute. Ainsi isolées de leur environnement (contexte), les pierres deviennent eux-mêmes paysages à la topographie ancestrale, sorte d’univers perdus constellés de motifs abstraits (tantôt concentrique, tantôt tacheté) et aux teintes infinies. En ressort des objets à la beauté fascinante qui cristallisent le temps qui passe.

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INTERVIEW

Depuis quand collectionnez-vous les pierres ?

Quand j’étais petit, je jouais souvent au bord de la rivière. Comme il y’avait beaucoup de cailloux, je m’amusai à les comparer puis je ramenais chez moi tout ceux qui me plaisaient. Quand j’ai déménagé, j’ai été obligé d’abandonner ma collection. J’ai recommencé petit à petit à les collectionner au cours de mes voyages.

Comment est né le projet de votre recueil de photo On the rocks ?

J’avais pris l’habitude de photographier chaque pierre que je trouvais pour les mettre ensuite sur mon blog. Vers le printemps 2013, le librairie YOUR MIND m’a contacté en me proposant de publier mon propre livre. Ca a été l’occasion pour moi de classer toute les photos que j’avais accumulé.

Vous montrez les photos des pierres plutôt que les pierres elles-même, car votre démarche est avant tout picturale ?

Tout à fait. Je ne m’intéresse pas à la pierre en tant qu’objet physique. D’ailleurs, dans mes photos, il est impossible de deviner la forme et la dimension réelle des cailloux que je photographie, ni leur origine, car pour moi, ces informations ne sont pas importantes.

Je m’intéresse d’abord à sa surface, sa texture et sa couleur. Ce sont les seules choses qui m’importe au moment où je les ramasse. Quand je les photographie, j’oublie un peu la forme pour me focaliser sur la partie qui me plait le plus visuellement.

En voyageant, avez-vous remarquez des différence entre les pierres selon les endroits ?

Je sais que dans telle région, on trouve tel type de roche, mais comme je ne suis pas un spécialiste, c’est difficile pour moi de les distinguer. De plus, quand je ramasse un caillou au bord d’une rivière, il peut très bien venir d’un chantier à proximité.

De toute façon, pour moi, l’origine n’est pas une donnée importante.

Vos photographies paraissent simples, mais la technique que vous utilisez est complexe, d’autant plus que vos clichés sont hyper détaillés.

La précision est importante dans mon projet car je veux que l’on puisse distinguer le moindre grain, la moindre aspérité des pierres que je photographie. J’utilise donc un équipement et des techniques spécifiques à la photographie macro. Comme les cailloux que je ramasse sont en général très petits, il est difficile de les photographier entièrement  avec la même précision sur l’ensemble de leur surface. Donc pour éviter les zones floues, je suis obligé de faire des montages. Certains de mes clichés de cailloux sont composés avec 70 images différentes.

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Quels sont vos futurs projets ?

Je m’intéresse également aux objets très grands, par exemple les bâtiments. J’aime bien quand la surface ou bien la structure se révèle, par hasard, de manière fortuite. J’ai commencé à photographier des architectures dans les différentes régions de la Corée. C’est un projet que je souhaiterai continuer.

Quel est votre endroit préféré à  Seoul ?

Eulji-ro. C’est un quartier ou il y a beaucoup d’ateliers et de petits magasins. Je m’y sens à l’aise. Je peux y trouver tout les objets que je cherche à bas prix. Je pense que si il y’à un objet que je ne peux pas trouver la-bas, je ne pourrais le trouver nul part ailleurs en Corée.

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Plus d’informations : http://yourmind-bookshop.com/archives/3756